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Un nouveau projet ? Appartement, maison, loft.

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Saveurs et contrastes

Tout projet porte en lui une histoire, son histoire, et il est important d’en saisir le coeur, afin de pouvoir ensuite en justifier les choix, la trame, autrement que par un simple parti pris esthétique.

Ce projet n’était pas juste une maison à rénover, d’ailleurs ce n’est jamais « juste » quelque chose. C’est d’abord l’histoire d’un patrimoine protégé par les monuments historiques, où la plupart des grandes maisons classées sont des domaines viticoles en activité et où les hommes, courbés sur leurs vignes, se transmettent un héritage de génération en génération.

Les paysages comme leur espace de vie suivent les contraintes de l’exploitation de la vigne: domaine agricole rentable et maîtrisé suivant les vallons, espaces juxtaposés à l’intérieur des bâtisses. Cuverie, caves de pierre voûtées et espaces de dégustation au RDC. Au R+1, des espaces de vie se succédant sur de colossales différences de niveau , au gré des hauteurs nécessaires aux différentes activités de l’étage inférieur.

C’est ensuite l’histoire d’une jeune femme, restée seule à la tête d’un domaine, et de ses deux enfants en bas âge, dont une petite fille polyhandicapée de deux ans et demi. Le pari était difficile: transformer l’espace de vie de l’étage, tout en demi – niveaux, sombre et tortueux, en un espace fluide, clair et joyeux, avec de surcroît toutes les normes et accès nécessaires à une personne à mobilité réduite. Faire en sorte par ailleurs qu’aucune de ces dispositions ne soit apparente, de façon à ce que cette maison ressemble à n’importe quel intérieur au design soigné et non à un espace clinique.

Le chantier de gros oeuvre fut conséquent: il fallut tout d’abord modifier les ouvertures de façade, afin de lui redonner une symétrie de modénature, et créer une porte d’entrée centrale. Un futur élévateur pourrait ainsi s’inscrire au droit du nouvel escalier extérieur et les espaces intérieurs se distribuer sans créer de rampes d’accès. Les murs porteurs intérieurs ont été percés pour de plus larges circulations. Le sol fut entièrement lambourdé et réhaussé de 60 à 80cm par endroits afin de le niveler et de faire passer tous les réseaux.

Toutes les portes ont été supprimées au profit de passages libres, d’un grande porte coulissante pour la salle de bain et de portes automatiques avec hublots et détecteur de présence pour la chambre de la petite fille. Un balisage éclairant de spots sur détecteurs permet de traverser l’espace sans devoir appuyer sur un interrupteur. Les motifs des carrelages de la salle de bain et de la cuisine ont été soigneusement choisis dans le but d’une stimulation visuelle. Il en est de même pour les motifs graphiques de la chambre d’enfant ainsi que pour son parquet, peint en rouge et blanc selon une ligne qui permet à l’enfant mal voyante de se repérer facilement dans l’espace.

Tous les meubles de la chambre ont été dessinés sur mesure: ils ne présentent aucun angle et sont facilement accessibles. La tête de lit est équipée pour pouvoir recevoir un lit médicalisé.

Un grande verrière sépare la cuisine de la salle de bain pour laisser entrer la lumière dans tout l’espace de vie et permettre une surveillance facile.

La salle de bain a été dessinée de façon à ce qu’un fauteuil roulant puisse y évoluer sans encombre: grande douche à l’italienne sans pare-douche avec assise possible, meubles et plan de vasque crées sur mesure pour y loger un fauteuil. Une déclinaison de différents éclairages permet une grande visibilité tout en gardant une atmosphère apaisante : rétro – éclairage en plexi derrière des vitrines, bandeaux- leds, spots et suspensions décoratives.

Les toilettes, représentant une surface importante au sein d’un espace privé de par leurs normes, pouvaient difficilement être dissimulées. Le parti a donc été de les traiter comme un élément charnière entre la chambre d’enfant et l’espace de vie, un cube rouge et ludique structurant l’espace.

Le séjour se décline selon des tonalités joyeuses et des éléments propices à la rêverie: panoramique moutonnant de Wall&Déco, suspensions aériennes de Foscarini, canapé velours de chez Kartell. Tous les rangements y ont été concentrés: dessinés de manière à éviter trop d’angles sortants et une belle linéarité de matière, ils animent les murs de pierre d’origine. La table du séjour et le banc, qui apportent la chaleur et la sensualité d’un plateau d’acajou brut de sciage, ont été créés sur mesure.

Handicap et architecture intérieure ne sont pas antinomiques, et ce projet essaie modestement de le prouver. Dans l’évolution actuelle de notre système de santé, où les structures d’accueil sont difficiles d’accès, où les soins se font de plus en plus à domicile, les architectes d’intérieur ont un vrai défi à relever : nourris de la créativité de ses designers, ils doivent donner un nouvel élan à des maisons pensées pour être belles mais aussi adaptées à tous les aléas, pérennes, modulables et évolutives.

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Crédits photos

Philippe Charlot Photographe - www.philippecharlot.com