Ce projet s’inspire de « L’aleph », du recueil au titre éponyme de José Luis Borges : un lieu conférant le don d’ubiquité, pour saisir du monde « sa rumeur affairée ». Il s’agit là de constituer un espace dédié à un grand voyageur et ami, souhaitant restructurer un bel appartement lyonnais en accord avec ses goûts et souvenirs hétéroclites. Pas d’effet « déco », juste une allusion à ses élans éclectiques avec une volonté de pérennité de style, de mise en valeur d’icônes du design, d’œuvres artistiques et de matériaux qui subsisteront au-delà des courants de mode. Vitraux art-déco en hommage aux verriers lyonnais, tapis d’orient, lampe Toloméo, Jieldé, Nonette de Cédric Ragot, créations d’Hervé Isle de Beauchaine, clin d’œil à cet artiste Lyonnais de la récupération lumineuse. Mais aussi l’assise Bibendum d’Eileen Gray, le fauteuil Navy en fonte d’aluminium, les bibliothèques Book&Look incontournables de Ligne Roset, carreaux ciments et piano Lacanche pour la cuisine, etc… Les portes sur pivot et tous les miroirs disséminés ça et là dupliquent l’espace, renvoient la lumière et un morceau de Bashung au plafond, plongeant le visiteur dans un effet d’illinx en démultipliant l’horizon. L’éclairage, dimmable et souvent indirect, change selon l’atmosphère désirée. Les couleurs du séjour rappellent l’ocre, le brique et le sable des façades lyonnaises, alors que la chambre devient un ilot de verdure apaisante, la salle de bain un bathyscaphe et le bureau, un lieu musical aux accents New-yorkais tout en noir et blanc comme dans un film de Cassavetes. Un lien hors du temps, éternel, au sens littéral, où l’on voyage, où l’on rêve, où l’on se démultiplie, où l’on joue avec la perspective, l’idée de grandeur, de petitesse et de labyrinthe : un Aleph.